Tableau – Ch.Gautier (1978)
L’huître de palétuvier (Crassostrea rhizophorae Guilding) est emblématique de la commune de Montsinéry-Tonnégrande au point de figurer sur ses armoiries. On dira, pour faire court, qu’il y a le crabe de Tonnégrande et l’huître de Montsinéry, même si les deux, en fait, partagent le même habitat.
Un projet d’ostréiculture raisonnée est élaboré en 1968 sous la mandature de Quentin Bichonnet avec l’aide des services administratifs et scientifiques compétents en cette matière : les affaires maritimes, l’Office de recherche scientifique et technique d’outre-mer (Orstom), aujourd’hui l’Ird, dont le relai est pris à partir de 1971 par l’Institut scientifique et technique des pêches maritimes (ISTPM), aujourd’hui l’Ifremer, et les services préfectoraux. Entre 1969 et 1977, les scientifiques auscultent les huîtres dans leur milieu naturel et testent leurs qualités sur plusieurs sites afin de répondre à la principale question : les huîtres de palétuviers sont-elles élevables ? Peut-on s’engager dans une phase de production commerciale à partir des naissains de Montsinéry ?
Les principaux relais de Montsinéry sont le premier adjoint, M. Victor Catherine, et un habitant, A. Adonis. Le projet d’ostréiculture est également soutenu par le conseiller général du canton, Léopold Héder, et l’Association des maires de Guyane.
De 1977 à 1984, plusieurs entrepreneurs locaux et métropolitains se lancent dans l’aventure ostréicole avec plus ou moins de bonheur. Les huîtres sont élevées en parcs à Macouria, aux îles du Salut et à l’îlet La Mère, semble-t-il le meilleur endroit, la commune de Montsinéry-Tonnégrande restant la base logistique et pourvoyeuse d’huîtres « naturelles ».
Dans une longue lettre datée du 17 août 1972, le maire de Montsinéry-Tonnégrande, Quentin Bichonnet revient sur des articles de l’arrêté relatif à la production et à l’utilisation de l’huître, le premier du genre, pris par le préfet de Guyane le 30 juin 1972. Ses explications précises et détaillées révèlent une connaissance motivée de l’habitat et de la vie des mollusques et une vigilance justifiée par le fait que l’ostréiculture constitue à ce moment-là « l’unique branche d’activité de Montsinéry ».
Gageons que cette ressource naturelle fragile redevienne et demeure une ressource économique durable pour les gens de la commune.