Adraste Gérémine, maire de Montsinéry (2ème partie)
Elue en mars 1893, une nouvelle équipe municipale poursuivit le projet de transfert du bourg de Risquetout à Viriot. L’un des principaux édifices publics construit dans le nouveau bourg fut l’école communale, située près de la mairie.
L’école communale des garçons ne comptait alors que 13 enfants inscrits pour l’année scolaire 1892-1893. La construction d’une école pour filles était prévue dans le budget 1893. En août 1894, le Moniteur officiel de la Guyane française publia le discours public prononcé par le maire Gérémine à l’occasion de la distribution solennelle des prix de fin d’année.
En présence des enfants entourés de leur famille, du conseil municipal, du surveillant militaire Letia, chargé du chantier du bourg, et d’invités, le maire prononça le dimanche 12 août 1894, à neuf heures du matin, des paroles de bienvenue et d’encouragements (Moniteur officiel de la Guyane française 1894, p. 324-325).
« Habitants de Montsinéry.
C’est avec une vive satisfaction, une joie indescriptible que je vois, à côté de moi, monsieur le directeur de la banque, notre ancien directeur de l’Intérieur, et c’est avec un plaisir non moins vif que je vois la société philarmonique L’Harmonie cayennaise honorer de sa présence la distribution des prix de notre école communale.
Au nom de la commune que je représente et en mon nom personnel, recevez, Monsieur le directeur, recevez, Messieurs les membres de la fanfare, nos sincères remerciements et croyez que Montsinéry vous sera reconnaissant de cette marque de haute distinction que vous lui témoignez aujourd’hui.
Mesdames, Messieurs. Si j’ai accepté la lourde responsabilité que mes amis m’ont offerte en m’appelant à occuper les fonctions de chef de la cité, c’est que j’ai vu là une marque de confiance qui m’a profondément touché, et je ne pouvais me dérober à l’honneur qu’ils m’ont fait.
En prenant la direction communale, je ne vous ai demandé, chers habitants, qu’une chose : c’est d’être respectueux envers la loi.
Pourquoi ?
Parce qu’elle est la garantie de la société.
Mais c’est de notre école que je veux vous parler. Si cette école a été souvent interrompue, vous savez mieux que moi qu’elle en était la cause ; permettez-moi de ne pas insister sur ce point.
Aujourd’hui, grâce à la bienveillance de l’autorité supérieure, aux bonnes dispositions de notre haute assemblée locale, et, enfin, grâce à un instituteur qui a compris, dès son début dans la carrière, son métier, en y apportant le dévouement que nous serons heureux de voir ses autres collègues de l’enseignement imiter, notre école est à jamais établie.
Il appartient donc à vous, mères de famille, de vous imposer des privations pour envoyer vos enfants à l’école. Il n’est pas nécessaire de vous démontrer ici de quelle utilité est l’instruction, tous, tant que nous sommes, nous savons quel rôle précieux elle joue dans la société.
Il ne faudrait pas, cependant, mères de famille, croire que votre devoir consiste seulement à envoyer vos enfants en classe pendant l’année scolaire, non, vous aves des devoirs beaucoup plus étendus : la surveillance pendant les vacances, afin que les élèves ne perdent pas le fruit du labeur de l’année.
De votre côté, chers élèves, il faut que vous aidiez les pouvoirs publics, vos parents, qui sacrifient tout pour votre instruction, par une application soutenue que vous continuerez pendant les vacances. Il faut que vous vous interrogiez vous-mêmes sur tout ce qui peut frapper votre attention et, quand vous serez embarrassés sur la nature d’une plante, sur la famille d’un insecte ou sur tout autre chose, prenez des notes et à l’entrée des clases faites-vous donner des explications par vos maîtres sur toutes ces choses qui ont pu vous intéresser.
Bien que je ne veuille pas vous retenir longuement, je dois pourtant vous dire que les connaissances que vous acquérez à l’école ont pour but de vous rendre utiles à la société et vous serviront dans tout ce que vous entreprendrez plus tard. Il n’est pas de métier, il n’est pas de profession, il n’existe pas de carrière où l’instruction ne soit nécessaire, sinon indispensable.
Si vous écoutez les conseils qu’on vous donne dans vos classes, si vous travaillez à vos lecçons et à vos devoirs, vous deviendrez non seulement instruits, mais bons et vertueux. Ainsi vous recevrez, dans l’avenir, l’impérissable récompense, qui est beaucoup plus précieuse que celles qui vous seront délivrées dans un instant. Hélas ! Faut-il vous avouer que cette profusion, cette sagesse, si je puis m’exprimer ainsi, n’a pu toujours exister en matière d’enseignement, car celui qui vous parle aurait été le premier à en tirer un plus grand profit.
Je ne saurai donc trop vous engager à répondre aux sacrifices que la colonie s’impose pour l’éducation de ses enfants. Je termine en remerciant, au nom de la municipalité, M. l’instituteur Ch. Quintrie du zèle, du dévouement qu’il a apportés en accomplissant irréprochablement la tâche délicate qui lui a été confiée ; qu’il sache que la commune que j’ai l’honneur de représenter lui saura gré de tant d’amour-propre.
Je m’arrête, chers amis, avec la ferme conviction qu’à la rentrée prochaine des classes, vous enverrez vos enfants continuer leurs études, à l’effet de recevoir la manne intellectuelle, puissant auxiliaire pour traverser la vie. »
L’article du Moniteur officiel de la Guyane française se poursuit avec la liste des lauréats par niveau scolaire. Le jeune Jules Mayen reçoit le prix d’excellence.
COURS ÉLÉMENTAIRE
Lecture
1er prix Jules Mayen
2e prix Calixte Saleg
3e prix Cyprien Nivois
Ecriture
1er prix Jules Mayen
2e prix Cyprien Nivois
3e prix Théodose Siger
Grammaire
1er prix Jules Mayen
2e prix Calixte Saleg
3e prix Cyprien Nivois
Arthmétique
1er prix Jules Mayen
2e prix Calixte Saleg
3e prix Cyprien Nivois
Histoire géographie
1er prix Jules Mayen
2e prix Calixte Saleg
3e prix Hubert Benzeval
Instruction civique et morale
1er prix Hubert Benzeval
2e prix Sextius Sépho
3e prix Théodose Siger
Application
Prix Sextius Sépho
COURS PRÉPARATOIRE (DIVISION MOYENNE)
Lecture
1er prix Alexandre Fort
2e prix Pierre-Louis Oyac
Ecriture
1er prix Alexandre Fort
2e prix Apollonius Oyac
Assiduité
Prix Apollonius Oyac
COURS PRÉPARATOIRE (DIVISION INFÉRIEURE)
Application
Prix Alexis Cincinnat ; Herménégilde Quémon ; Villa ; Amélius Bellem
Assiduité
Prix Herménégilde Quémon ; Alexis Cincinnat ; Amélius Bellem ; Athénodore Oyac ; Alexandre Roubaud
Prix d’encouragement offerts aux élèves
Prix Athénodore Oyac ; Alexandre Roubaud